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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/497

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Un ami nous reçut chez un ambassadeur. [185]

On saisit tout mon bien ; on m'ôta tout l'honneur,

Mon rival fut trouvé percé de trois blessures,

Dont on tira d'abord de tristes conjectures ;

Mais sa jeune vigueur l'aura fait revenir.

Je n'ai pas de son nom gardé le souvenir. [190]

Il poursuivait en Cour une importante affaire ;

Mais cette circonstance ici n'importe guère.

DOM-LOUIS.

L'aventure est étrange.

DOM-CARLOS.

Écoutez ce qui suit.

Vous voyez par l'état où le sort me réduit,

Qu'il faut absolument que je quitte l'Espagne, [195]

La Justice me suit ; le père est en campagne.

Je ne dois plus l'aimer, et ne dois pas aussi

La laisser sans secours, l'ayant conduite ici,

Il ne faut pas aussi qu'on me trouve avec elle,

Un Couvent servirait d'asile à cette belle : [200]

Mais du bien que j'avais, il ne m'est rien resté

Que le malheureux fer que je porte au côté.

DOM-LOUIS.

Je vous offre ma bourse.

DOM-CARLOS.

Ha ! Je ne veux pas prendre,

Ce que je ne suis pas en état de vos rendre.

DOM-LOUIS.

Mais chez moi mon Cousin qui la viendra chercher ? [205]

DOM-CARLOS.

Mais belle comme elle est, s'y peut-elle cacher ?

Pour qui passerait-elle ?

DOM-LOUIS.

Ou bien pour ma parente,

Ou ma soeur la tiendrait au lieu d'une suivante.

Rien n'est plus à propos que ce déguisement.

DOM-CARLOS.

Lui puis-je proposer un tel abaissement ? [210]

LÉONORE