Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais la Lune est fort claire, approchons la fenêtre,
Ici comme en plein jour il ne saurait paroître,
Mais…

Stefanie, qui est dans la rue, passant la main à la fenêtre de la salle basse et arrachant le portrait, dit

Mais…Donne.

D. Blaize.

Mais… Donne.Hai, bon dieu, comme on me l’a ravi :
C’est le même dragon qui m’a tantôt suivi.

D. Sanche.

Qu’avez-vous ?

D. Blaize.

Qu’avez-vous ? Ce que j’ai ? la demande est plaisante !
Et n’avez-vous pas vu l’action violente
Que l’on me vient de faire, et comme on m’a grippé
Mon portrait de la rue, après m’avoir frappé ?

D. Sanche.

Vous me surprenez fort.

D. Blaize.

Vous me surprenez fort.Ha, par ma foi, c’est elle !

D. Sanche.

Et qui ?

D. Blaize.

Et qui ? La même dame avecque sa sequelle,
Qui me couroit tantôt. Peste, qu’elle m’a fait
Une grande écorchure en prenant mon portrait !

D. Sanche.

On peut aller après.

D. Blaize.

On peut aller après.Ma foi, la larronnesse,
En vitesse de pieds surpasse une tigresse :
Aussi-bien qu’un portrait, on y perdroit ses pas.
Encor un coup, ici l’on ne m’attrape pas ;
Mais allons nous coucher. À propos, notre frére,
Coucher avec quelqu’un n’est pas mon ordinaire :
Passe pour une fois. Ô dom Cosme ! ô Madrid !
Ô maudit mariage ! ô marquis sans esprit !

Il sort.