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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/592

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CRITON.

   Un semblable dessein n'en veut pas davantage.

AMINTAS.

   Je voulois éprouver ton sens, & ton courage.

CRITON.

   Mon zele?....

AMINTAS.

                Il m'est connu, va viste, & sois adroit.

CRITON.

   Seigneur....

AMINTAS.

                Je la voy bien, va, disje, & soit secret.



Scène VII


ALCIONNE, AMINTAS.


ALCIONNE.

   Ha Prince! il est donc vray que ma soeur vous engage,
   A verser vostre sang pour venger un outrage,
   Et vous expose encore à ce honteux duel;
   A l'incertaine foy d'un Corsaire cruel;
   Des charmes de ses yeux, ceux de son diadême,
   Vous jettent donc encore en ce peril extrême;

AMINTAS.

   Que pensez-vous de moy, Madame? ah! jugez mieux
   D'un Prince décendu de vos nobles Ayeux.
   Un coeur que la beauté de vostre soeur inspire,
   Fait aller ses desirs plus loin que son Empire,
   Et ne fait point servir sa noble ambition,
   A l'avare interest d'une autre passion.
   Quand je devins d'Elise esclave volontaire,
   Son Trône à m'asservir luy fut peu necessaire,
   Il prit dans ses beaux yeux l'éclat qu'il eut pour moy,
   Et son merite seul me rangea sous sa loy.

ALCIONNE.

   Devez-vous hazarder des jours comme les vostres,
   Quand de vostre salut depend celuy d