Aller au contenu

Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/608

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CLARICE.

                               Sa prise est asseurée.

ELISE.

   O Ciel! que tes faveurs sont de peu de durée,

ALCIONNE.

   Et le Prince, Clarice?

CLARICE.

                          Il attend le trépas.

ELISE.

   Ha! ma soeur mon Alcandre!

ALCIONNE.

                              Ha! ma soeur Amintas?

ELISE.

   Et l'aymiez-vous?

ALCIONNE.

                     Helas! n'estoit-il pas aymable?
   Oüy ma soeur, je l'aymois ce Prince miserable.
   J'ay souffert des le temps qu'il entra dans vos fers,
   Les mesmes maux pour luy qu'il a pour vous souffers.
   Mais, ô ma chere soeur, comme vous desolée,
   Et plus que vous d'ennuis, & de maux accablée,
   Les vostres par les miens se pourroient augmenter.
   Que le Ciel cesse enfin de vous persecuter,
   Et qu'à vous favorable, autant qu'à moy contraire,
   Il conserve à vos feux vostre aymable Corsaire.
   Conduy-moy donc Clarice, où je vais faire voir,
   Ce que peut sur mon coeur un juste desespoir.

LICAS.

   Allons, allons, ma soeur, par nos morts genereuses,
   Rendre illustres les feux de deux soeurs malheureuses.
       (Alcionne sort.)