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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/616

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te-toy;

   D'un vengeur offencé crains la juste cholere.

NICANOR.

   Qu'il vienne à ton secours, qu'il vienne ton Corsaire,
   Il ne manque plus rien à mon ressentiment,
   Que de t'oster la vie aux yeux de cét Amant.
   Il te verra perir au plus fort de ta joye.
   Mon ame à ce penser dans le plaisir se noye,
   Et si j'ay differé de te faire mourir,
   C'est pour plaire à ma haine, & te faire souffrir.

ELISE.

   Et moy pour te parler dans la mesme franchise,
   Je te hay beaucoup moins que je ne te méprise.

NICANOR.

   Amante d'un Pirate, apres ta lâcheté,
   Peus-tu parler encore avec tant de fierté;

ELISE.

   Hé! qu'estoit donc tantost la tienne devenuë,
   Quand tu gardois Paphos, & que tu l'as perduë?
   Que faisoit ta valeur dans les murs de Paphos,
   Quand des Soldats sans Chef t'ont fait tourner le dos.



Scène X


OROSMANE, ELISE, NICANOR, SEBASTE, CORSAIRES.


OROSMANE.

   Il nous a prevenus, ô Dieux!

ELISE.

                               Helas! Alcandre,
   Ta valeur desormais ne peut plus me deffendre;
   Mais punis un Tyran, quoy qu'il puisse arriver;
   Prefere ma vengeance au soin de me sauver.

OROSMANE.

   Tigre affamé de sang, que pense-tu donc faire;

NICANOR.

   Me venger d'une ingrate, en dépit d'un Corsaire,