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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/619

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confus,

   Qui t'a long-temps haï sous le nom d'un Corsaire,
   Et fait gloire aujourd'huy d'estre connu ton Pere,
   Approche toy de moy sans haine, & sans courroux.
   Viens dans mes bras, mon fils.

OROSMANE.

                                  Ou plustost qu'à genoux,
   J'obtienne le pardon d'une aveugle ignorance....

NICANOR.

   Il ne faut plus songer qu'à la réjoüissance;
   Et vous, ô belle Elise, oubliez le passé;
   Excusez les transports d'un courroux insensé,
   Agréez un époux qu'un ennemy vous donne,
   Et que mon Amintas soit celuy d'Alcionne.
   Mais, Helas! sa blesseure au fort de mes plaisirs.
   Fait sortir de mon coeur d'inutiles soûpirs.

OROSMANE.

   Si je perdois ainsi ce frere incomparable,
   Mon ame de sa mort seroit inconsolable.

ELISE.

   Les Dieux nous traiteront plus favorablement;
   Mais il faut l'informer de l'heureux changement,
   Qui donne à cét Estat une face nouvelle.

NICANOR.

   Allons tous luy porter cette grande nouvelle.
   Differons le recit de ma funeste amour,
   Et que Cypre à jamais celebre l'heureux jour,
   Qui donne un Pere au fils, rend le fils à son Pere,
   Et finit les malheurs d'un grand Prince Corsaire.


Fin du Prince Corsaire