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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/74

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Scène III

BLANCHE, DOM SANCHE.
Blanche.

Retire-toi, Merlin.Ô Dieu ! je vois dom Sanche.

D. Sanche.

Je vous obéirai, trop inhumaine Blanche !
Vous n’aurez pas plutôt rendu mon frére heureux,
Que j’exécuterai votre arrêt rigoureux :
Oui, je contenterai votre cruelle envie,
J’irai loin de vos yeux, les astres de ma vie,
Mes véritables dieux, mais des dieux ennemis,
Qui me vont tout ôter et m’avoient tout promis.

D. Blaize, caché.

Il la presse un peu trop le fripon, et je gage
Qu’après un autre assaut, la dame n’est plus sage.

Blanche.

Dom Sanche ! ô ma vertu que vais-je dire ici ?
Qui vous oblige donc à nous quitter ainsi ?

D. Sanche.

Qui le sait mieux que vous, trop cruelle personne ?
Qui le peut mieux savoir que celle qui l’ordonne ?

Blanche.

Celle dont la rigueur vous afflige si fort,
N’a guére moins que vous à se plaindre du sort.
Elle n’empêche point que dom Sanche n’espére :
Elle le saura bien distinguer de son frére,
Quand par un juste choix, d’où dépend son bonheur,
Sa bouche publiera ce que cache son cœur,
Elle veut bien encor qu’il sache qu’une absence
Peut nuire à ses desseins beaucoup plus qu’il ne pense.
Nous nous verrons, dom Sanche.

D. Sanche.

Nous nous verrons, dom Sanche.Ô dieu ! tout est perdu.
Blanche m’aime, et dom Blaize aura tout entendu.