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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/73

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Mes plaintes, mes sermens, mes priéres, mes larmes
Contre elle n’ont été que d’inutiles armes,
N’ont fait que m’attirer les traits de son courroux,
Et je n’espére pas de l’appaiser sans vous.
Va-t-en, m’a-t-elle dit de colére embrasée,
Va-t-en chercher ailleurs une conquête aisée,
Va-t-en corrompre ailleurs les innocens esprits,
Et n’attend plus de moi que haine et que mépris.

D. Blaize.

Ne me trompez-vous point, mon dissimulé frére ?

D. Sanche.

Envoyez-la querir de la part de son pére,
Et vous tenez caché quand elle passera,
Vous verrez de quel air elle me parlera.

D. Blaize.

L’invention me plaît, ça, ça, que je me gîte.
Ordugno !

Ordugno.

Ordugno !Monseigneur ?

D. Blaize.

Ordugno ! Monseigneur ?Va la quérir ; va vîte.

Ordugno s’en va.

J’y vais.

D. Sanche.

J’y vais.Mortel eut-il jamais pire destin ?

D. Blaize.

À qui parlez-vous là ?

D. Sanche.

À qui parlez-vous là ?Je parlois à Merlin.

D. Blaize.

Mais s’il arrive aussi que la donzelle tarde,
Si Lizette hardie autant que babillarde,
De discours superflus me la va retenir,
Je pourrai m’ennuyer.

D. Sanche.

Je pourrai m’ennuyer.Je l’apperçois venir ;
Retire-toi, Merlin.