Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/13

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Ce sont gens qui ne valent rien,
Auxquels je ne veux pas grand bien ;
Ils espèrent en Italie
Leur retraite bien établie,
Chargés de hardes et d’écus,
Et de leurs pénates vaincus ;
Ils y voguent le vent en poupe,
Et n’est pas un en cette troupe
Qui me rende ce qu’il me doit.
Enfin on en abuseroit,
Si je les laissais bragues nettes,
Ils diraient de moi cent sornettes.
Si tu me veux bien obliger,
Fais vitement le temps changer,
Donne-leur d’un vent de galerne
Qui jusques au ciel me les berne,
Ou bien plutôt des quatre vents
Qui jour et nuit les poursuivant,
Brisent leurs vaisseaux contre terre,
Comme s’ils n’étaient que de verre,
Afin qu’ils craignent tout de bon
La divinité de Junon.
J’ai pour damoiselles suivantes
Quatorze nymphes très galantes ;
Celle que j’estime le plus
Sera la femme d’Eolus,
C’est la parfaite Deiopée,
Un vrai visage de poupée.
Au reste on ne le peut nier,
Elle est nette comme un denier ;
Sa bouche sent la violette,
Et point du tout la ciboulette.
Elle entend et parle fort bien
L’espagnol et l’italien,
Le Cid du poète Corneille
Elle le récite à merveille,
Coud en linge en perfection,
Et sonne du psaltérion,
A cela que dit maître Eole ? "
"J’aurais la cervelle bien folle