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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/132

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Qu’enfin par la brèche il entra,
Et défit ceux qu’il rencontra
A la défense de la porte.
Peu lui servit d’être si forte
Et d’être faite de merrain
Tout parsemé de clous d’airain :
Les poteaux hors des gonds tombèrent,
A la foule les Grecs entrèrent ;
Tous ceux qu’ils trouvèrent armés
Furent bientôt d’eux assommés.
Les soldats, maudite canaille,
Ebaudis comme rats en paille,
Troublèrent toute la maison,
Sans qu’on en pût avoir raison.
Ainsi la rivière de Loire,
Qui donne à tant de gens à boire
Quand elle sort hors de son lit,
Bouleverse, à ce qu’on m’a dit,
Ce qu’on appelle la levée,
Et par cette digue crevée
S’épand dans les champs labourés,
Entraîne les bœufs effarés
Pêle-mêle avec les étables,
Et fait force gens misérables,
Qu’elle force ainsi sans bateau
D’aller à l’hôpital par eau.
L’application est facile :
Tout de même, en ce saint asile,
Je vis entrer tous ces méchants
Comme un fleuve fait dans les champs.
Je vis le cruel Neptolème,
De rage le visage blême,
Et les Atrides carnassiers,
Ensanglantant leurs bras d’aciers,
Et, ce que je n’approuvai guères,
Je vis donner les étrivières
A Priam par Agamemnon :
On a voulu dire que non ;
Mais c’est une chose certaine,
Qu’il en eut une cinquantaine,