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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/131

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Fait de pitoyables hélas,
Priant Dieu qu’il soit bientôt las,
Et n’achève point la besogne.
Lui, si bien taille et si bien rogne
Qu’à la fin dans le royal huis
Il fait un grand vilain pertuis,
Ou grande vilaine fenêtre.
Par là commença de paraître,
Au lieu d’un visage de bois,
La demeure de tant de rois
Jusqu’à ce temps inviolable.
Par là le Grec impitoyable
Put pénétrer dans ces saints lieux,
Et porta ses profanes yeux
Au travers des longues allées,
Jusqu’aux cours les plus reculées.
Par là quelques Troyens armés,
Du seul désespoir animés,
Pour la plupart soldats des gardes,
Furent vus avec hallebardes,
Espadons, mousquets et fusils.
Les pauvres gens, que feront-ils,
Que se faire couper les gorges,
Quoiqu’armés comme des saints Georges ?
Pleurs, soupirs, lamentations,
Cris, sanglots, exclamations,
Au palais se firent entendre.
Il ne faut être guère tendre
Pour n’avoir pas le cœur serré
De ce pauvre peuple effaré.
Les femmes, plus mortes que vives,
De crainte de se voir captives,
Et de quelque chose de pis,
De la main se battent le pis,
Et courent comme écervelées
Par le palais échevelées,
Se regardent d’un oeil mourant,
Et s’entr’embrassent en pleurant.
Pyrrhus, digne fils de son père,
Par ses grands coups si bien opère