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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/134

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 les soldats qui sont dedans,
Il alla s’armer jusqu’aux dents,
Mit à son côté la rapière,
Rondache devant et derrière,
Prit en ses mains un grand épieu,
Et revint ainsi, jurant Dieu,
Rejoindre les dames troublées,
Lesquelles s’étaient assemblées
Alentour d’un autel couvert
D’un laurier au feuillage vert.
Là se faisaient les sacrifices,
Afin de se rendre propices
Les dieux lares, ou protecteurs,
Ou plutôt lâches déserteurs.
Ainsi des colombes tremblantes,
Quand après des flammes volantes,
Une grande tempête suit,
Avec grand désordre et grand bruit,
Le troupeau volant se rassemble,
Et n’est pas une qui ne tremble
De voir coups de foudre si drus :
La reine de même et ses brus
Se tapirent l’une dans l’autre,
Disant tout bas leur patenôtre,
Car elles craignaient de mourir.
Or la dame, voyant courir,
Non pas aussi vite qu’un Basque,
Son vieil mari chargé d’un casque,
Et de tout le harnais complet,
S’appliquant de rage un soufflet,
Elle osa brusquement lui dire :
"Vous voulez donc nous faite rire
Lorsqu’il faut songer à la mort ?
Ah ! vraiment vous me plaisez fort,
Retranché dans une cuirasse
Comme un capitaine Fracasse.
Eh ! mon bon homme, de par Dieu,
Quittez la rapière et l’épieu :
Que Votre Majesté rengaine,
Puisqu’il faut mourir de la gaine
Quand on a frappé du couteau.
Notre