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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/195

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Ou que le temps vous semble beau,
Remonter dans votre vaisseau
Auparavant que l’édentée
Ait été par vous consultée :
Par ma foi, vous gâteriez tout.
C’est un démon, et haie au bout.
Vous saurez, de fil en aiguille,
De cette vieille et docte fille,
Qu’on croit n’avoir plus que la voix,
Les noms des peuples et des rois
Qui font la nation latine.
Oui, cette sorcière divine
Vous dira comme il faut marcher
En tous vos desseins sans broncher ;
Quelles gens vous feront la guerre
En cette bienheureuse terre,
Et comment, pour les bien frotter,
Vous aurez à vous comporter.
Allez, restaurateur de Troie,
Peu s’en faut que je n’en larmoie ;
Allez enter, homme de bien,
Le Troyen sur l’Italien,
Et que votre gloire immortelle
Monte jusqu’au ciel sans échelle."
Le sage, ayant ainsi parlé,
Dont j’eus l’esprit bien consolé,
Il me régala de l’épée
Dont Polyxène fut frappée,
Comme aussi du pot à pisser,
Et de l’arbalète à chasser
De Pyrrhus, de sa gibecière
Et d’une belle coutelière
Dont la gaine était de cuir neuf,
Les manches d’un bel os de bœuf,
Et les couteaux de fine trempe,
D’un fer d’hallebarde sans hampe,
Qui de rouille était vermoulu,
Quoiqu’il fût tout frais émoulu ;
D’excellente bière une tonne,
Deux grands chaudrons faits à Dodone,