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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/204

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A nos vaisseaux s’offrit un port
Près duquel, au-dessus d’un fort,
Etait de Minerve le temple.
Je vous dirai qu’il était ample,
Non que je le sache autrement,
Mais pour rimer plus aisément.
Les nochers les voiles calèrent,
Et de proue en ce port entrèrent :
Ce port, à l’abri de tout vent,
Contre les grands flots du Levant
Et les efforts de la tempête,
Se recourbe en arc d’arbalète.
Quantité de rochers pointus,
Des flots salés toujours battus,
A l’opposite de l’entrée
Rompent l’effort de la marée,
Et, pour n’être point pris sans vert,
Par les côtés il est couvert
De rochers qui font deux chaussées,
Ou deux murailles avancées,
Et le temple dont j’ai parlé
Du port est un peu reculé.
Quatre chevaux blancs comme neige,
Ou de carrosse, ou de manège,
Furent, arrivant dans ces lieux,
Le premier objet de nos yeux ;
Ils se repaissaient d’herbe verte.
Mon père, dont l’esprit à l’erte.
De tout tâche à faire profit,
Assez mauvais jugement fit
De ces chevaux faisant pâture,
Et cria "C’est mauvais augure,
Il ne me plaît point, j’en dis fi ;
Ce pays nous fait un défi
En même temps qu’il nous présente
Entrée et retraite apparente.
Le coursier, guerrier animal,
Ne pronostique que du mal.
Mais, étant attelés ensemble,
Paix et concorde les assemble :