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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/223

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 qu’il est frais, oh ! qu’il est gras !
Oh ! qu’il est beau, quand il est ras !
Qu’il est fort ! qu’il est beau gendarme !
Que sa riche taille me charme !
Que son oeil fendu, grand et bleu,
Décoche de matras de feu
Sur dame, ainsi que moi peu fine
A n’armer pas bien sa poitrine !
Quiconque le croirait issu
Des dieux ne serait point déçu.
Quand quelqu’un a l’âme poltronne,
A tout bruit il tremble et s’étonne,
A tout coup il saigne du nez ;
Mais ce roi des déterminés,
Combien de places enlevées,
Combien de guerres achevées,
Le font, sans contradiction,
Passer chez toute nation
Pour vaillant comme son épée,
En sang grec si souvent trempée,
Et qu’on m’a dit être un vieil loup
Qui tranchait, et du premier coup,
Un chenet comme une chandelle !
Dieu me veuille délivrer d’elle !
Oh ! si je n’avais résolu
De vivre en un état solu,
Si je n’étais bien résolue,
Après avoir été solue
D’un homme qui me fut si cher,
De ne jamais me rattacher ;
Si je ne craignais mariage
Comme un mari fait cocuage,
Oui, si je ne l’avais juré,
Que ce nœud qui tient si serré
Ne me serrerait de ma vie,
Je te confesse mon envie
(Mais n’en dis mot, ma chère sœur)
Cet homme me revient au cœur.
Depuis la mort du cher Sichée,
Je ne m’étais point requinquée,