Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tous braves et tous à cheval,
Les uns bien et les autres mal,
Et tous équipés pour la chasse,
Parurent en la grande place.
Force piqueurs massiliens,
Quantité de valets de chiens,
De leurs trompes faisaient fanfare,
Comme qui dirait tantarare.
Les uns étaient chargés de rets
Pour emprisonner les forêts,
Les autres d’alliers pleins de mailles
Et de courcaillets pour les cailles.
Bottés à cru, les gros milours,
Armés d’épieux en habits courts,
A la porte de dame Elise,
Qui prenait encor sa chemise,
Jouaient, les uns au trique-trac,
Les autres prenaient du tabac,
Discouraient d’une et d’autre chose,
Et bien souvent riaient sans cause
Mais à la fin trop de rumeur
Mit la reine en mauvaise humeur :
La dame leur envoya dire
Qu’elle n’aimait pas ouïr rire.
Son traquenard, rongeant son frein
D’or, d’argent, de fer ou d’airain,
Je n’en sais pas bien la matière,
De son pied grattait la poussière :
C’était un fort bon traquenard,
Hormis qu’il avait un javart.
La reine, habillée et coiffée,
Et soigneusement attifée,
Sortit en pompeux appareil.
On ne peut rien voir de pareil :
Sa seule robe en pierrerie
Valait plus d’une métairie ;
Elle était de ras de Châlons
Couverte de quatre galons,
Et de gros boutons à freluches ;
Sur son chef deux plumes d’autruches