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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/238

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Poudré, frisé, rasé de frais,
A grand équipage et grand frais
Vient faire à Délos résidence :
Pour le recevoir chacun danse ;
Les Agathyrses peinturés,
De leurs plus beaux habits parés,
Et les Dryopes, et les Crètes,
Dansent comme marionnettes ;
Chacun le cul du pied s’y bat :
Jamais on ne vit tel sabbat.
Ce dieu, sur les coteaux de Cynthe
Se promène, la tête ceinte
De feuilles et de rubans d’or.
Tel, et plus beau peut-être encor,
Parut en son habit de chasse
Messire Aeneas dans la place.
Il fut de chacun admiré,
Des yeux de Didon dévoré,
Et lui pareillement sur elle
Joua souvent de la prunelle.
Alors que l’on fut dans les bois,
Des rochers chèvres et chamois
Prirent la peine de descendre,
Et l’on prit celle de les prendre.
Force daims traversant les champs,
Maintes pétarades lâchant,
Faussèrent bientôt compagnie,
Sans beaucoup de cérémonie,
Et maint cerf y prit le devant,
Vite autant et plus que le vent,
Faisant naître dans son passage
De poussière un épais nuage.
Ils se sauvaient en moins de rien,
En quoi certes ils faisaient bien
Iulus, autrement Ascagne,
Monté sur un cheval d’Espagne,
Attrapait les plus avancés ;
Puis, les ayant outrepassés,
Venait sur eux à toute bride,
Poussait son cheval intrépide,