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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/239

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Lui faisait passer des fossés,
Qui font peur quand il sont passés.
Oh ! que le compagnon désire
Qu’un grand sanglier de bonne mire
Vienne déchirer, furieux,
Les chiens au milieu des épieux,
Ou que quelque lion descende
Au milieu de toute la bande,
Faire trembler les plus ardents
En leur montrant griffes et dents,
Quoique bête si ravissante
Ne soit guère divertissante !
Cependant qu’ainsi l’on chassait,
Le ciel serein s’obscurcissait,
Et, par de grands coups de tonnerre,
Déclarait la guerre à la terre.
Le tonnerre, ayant bien grondé,
De la grêle fut secondé ;
La grêle le fut de la pluie.
Il n’est personne qui ne fuie,
Tant cet orage véhément
Pensa tout perdre en un moment
Il tonne, il grêle, il pleut, il vente ;
L’horrible tempête épouvante
Les esprits les plus assurés,
Et les éclairs réitérés,
Au lieu d’aider dans les ténèbres,
Font naître des craintes funèbres.
Les Tyriens, comme des fous,
Pour se cacher cherchent des trous,
Les Phrygiens en font de même.
Iulus, le visage blême,
Demande partout son papa,
Lequel cependant s’échappa
Avec Didon toute pleureuse,
Et néanmoins tout amoureuse,
Et laquelle eût joué beau jeu,
Qui l’aurait voulu croire un peu.
Ils patrouillèrent dans les crottes,
Sans se soucier de leurs bottes