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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/252

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 promise par le Destin,
A la gloire du nom latin.
Jupiter le lance-tonnerre,
Qui voit comme dans cette terre.
Vous vivez, dont il a pitié
Plus qu’il ne doit de la moitié,
Par moi qui vous parle vous mande
Que, quittant cette houppelande
Et cet habit efféminé,
Au plus tôt l’ordre soit donné
Pour partir à toute la flotte,
Ou qu’autrement d’une marotte
Il veut que vous soyez coiffé,
Et du catalogue biffé
De ceux dont il fait quelque compte.
Vous devez bien mourir de honte,
De faire si longtemps le fou,
Et de passer pour le matou
D’une chatte de Barbarie.
Reconnaissez sa piperie,
Et croyez ce que je vous dis."
Après ce langage hardi,
Il reprit sa forme première
Et ce grand éclat de lumière,
Dont les dieux sont accompagnés.
Maître Aeneas, les yeux clignés,
Le poil hérissé dans la tête,
Et stupéfait comme une bête,
Ou comme un homme condamné,
Demeura si fort étonné
Qu’il ne vit point partir Mercure.
Le temps déjà beaucoup lui dure
Qu’il n’ait regagné ses vaisseaux,
Et n’aille joue des couteaux,
Où son noble destin le mène.
Il n’est pas en petite peine
De savoir où, quand et comment,
Il pourra faire un compliment
Dont la dame Didon se paie.
De l’apaiser de quelque baie,