Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais maintenant pour un petit
J’en pleurerais bien de dépit)
Vous aviez promis un asile
Si sûr que leur superbe ville
Qu’a mise en feu le Grec vainqueur
Ne leur devait tenir au cœur.
Des descendants du jeune Iule
Devait venir ce grand Romule,
Tous ces benoîts pères conscrits,
A la barbe longue, au poil gris,
La nation porte-soutane,
Inventrice du veau mongane,
Qui devait établir ses lois,
Sur l’Indien et sur l’Anglois,
Et se rendre enfin par la guerre
Maîtresse de toute la terre.
Mais c’est autant pour le brodeur :
Le Destin n’est qu’un vrai menteur,
Et vous, mon très Révérend Père,
En qui mon fils en vain espère,
Je vois bien que le plus souvent
Vous ne promettez que du vent.
Qui n’eût cru sur votre parole,
A moins que de passer pour folle,
Que, suivant l’arrêt du Destin,
Il aurait le pays latin !
Mais cette région promise,
Après remise sur remise,
A la fin du compte sera
Le diable qui l’emportera.
Au lieu de ces belles conquêtes,
Sur mer, il aura des tempêtes,
Sur terre, il n’aura que des coups.
A tout cela que ferions-nous
Sinon le prendre en patience,
Qui, comme on dit, passe science,
Puisque gens à mal faire nés
Vous mènent ainsi par le nez !
Vous devriez les faire pendre,
Si vous saviez aussi bien rendre