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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/265

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Je te veux poursuivre, inhumain,
Une torche noire à la main
Je t’en grillerai les moustaches,
Homme le plus lâche des lâches,
Et, quand j’aurai fini mon sort,
Tu me verras, après ma mort,
Et jour et nuit, fantôme horrible,
Te lançant un regard terrible ;
Je te ferai partout : Hou ! hou !
Je te ferai devenir fou.
En Enfer j’aurai la nouvelle
Du désordre de ta cervelle ;
Dieu sait si son vin il aura,
Celui qui me l’apportera !
Oh ! chien, loup, lion, tigre, Suisse,
Que bientôt le ciel te punisse ! "
Après ce joli compliment,
Qu’elle fit un peu brusquement,
Elle lui tourna le derrière
D’un dédaigneuse manière.
Le seigneur lui fit un salut,
Dire ses raisons lui voulut ;
De ses bras elle se dérobe,
Lui laissant un pan de sa robe.
Il la ressaisit, l’embrassa ;
Elle se désembarrassa
Sans vouloir ouïr la harangue
Qu’il tenait prête sur sa langue ;
Sottement il la conjurait,
Car lors grande risque il courait
De ne lui dire rien qui vaille,
Car tout criminel s’entretaille.
Enfin lui disant : « Croyez-moi, »
Elle lui criant : "Ote-toi,
Infidèle, ingrat, hypocrite ! "
La dame gagna la guérite,
Et le laissa, pour reverdir,
Au point qu’il allait s’enhardir
De la payer d’un apophtegme.
Il avait jà mis bas un flegme,