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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/270

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Aussi bien c’est l’injurier
Que de le vouloir marier !
Pauvre folle, je ne demande
Qu’une faveur qui n’est pas grande,
Je lui demande un peu de temps ;
C’est de cela seul que j’attends
A ma fureur quelque remède.
Le grand diable qui le possède
Le rendra sourd comme un aspic,
Et je n’aurai point de repic,
Si ma demande est ennuyeuse ;
Qu’il contente une furieuse,
Et se contraigne un peu pour moi,
Le cruel, qui manque de foi
A celle qui manque à soi-même,
Pour le chérir jusqu’à l’extrême !
Va donc, ma sœur, va l’obliger
A me complaire, et ne bouger,
Et, pourvu qu’il ne m’abandonne,
Dis-lui, ma sœur, que je lui donne.
Dès ce soir, comédie et bal,
Ou que Dieu le garde de mal.
Si tu conduis bien cette affaire,
Tu me connais, laisse-moi faire ;
Si tu ne t’en trouves pas bien,
Dis partout que je ne vaux rien.
Je ne t’en dis pas davantage,
Va donc parler à ce volage,
Et cependant je chanterai,
(C’est à savoir si je pourrai,
Car je me sens toute hors d’haleine)
La chanson d’Olympe à Birène."
Sa sœur s’en alla, puis revint,
Fit des messages plus de vingt,
Et le trouva toujours de même,
Et le premier et le vingtième.
Il ne fit que lui répéter :
 « Le bon Dieu vous veuille assister ! »
Non qu’il fût d’esprit si sauvage :
Onc ne fut meilleur personnage ;