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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/273

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Eût-elle au corps ce fer plongé,
Comme l’a ce bouc égorgé ! "
La reine remit la partie,
Et, prenant d’une main l’hostie,
A plusieurs le nez en brida ;
Le prêtre d’abord en gronda,
Et puis après, à cause d’elle,
Tourna la chose en bagatelle
Chaque jour il lui survenait
Quelque chose qui l’étonnait,
Dont sa sœur n’eut jamais nouvelle,
Quoique confidente fidèle.
Un petit temple fort dévot,
Que feu son mari, grand bigot,
Respectait autant qu’une idole,
Que souvent cette pauvre folle
Ornait de fleurs et de festons,
Et de blanches peaux de moutons,
Un jour qu’elle était toute seule,
Ce petit temple ouvrit la gueule,
Et, le ton de voix imitant
De ce mari qu’elle aima tant,
Il dit, faisant le Jérémie :
 « Venez à moi, Didon ma mie. »
Elle répondit sans couleur :
 « Temple, vous me portez malheur. »
Souvent, durant la nuit obscure,
Un oiseau de mauvais augure,
Nommé chat-huant ou hibou,
Concerte avec un gros matou,
Et ces deux amis des ténèbres
Chantent mille chansons funèbres
Et font des exclamations
Qui causent palpitations
A la pauvre reine amoureuse,
De son naturel fort peureuse.
Bien souvent ses gens étonnés
Lui vont mettre devant le nez
Une prédiction antique,
Qui dit en langage punique