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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/275

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De ce qu’on appelle raison.
Ainsi, lorsque de sa maison
Oreste eut vengé la macule
Sur sa mère un peu canicule,
La tuant avec son ribaud,
De sang froid ou bien de sang chaud ;
Depuis ce temps les comédies,
Je veux dire les tragédies,
Le représentent qui s’enfuit
Devant sa mère qui le suit
Là, l’on voit ce fils trop colère
Qui gagne au pied devant sa mère,
Qui l’appelle ingrat, inhumain,
Une torche noire à la main,
Et de couleuvres une tresse
Dont sans cesse elle vous le fesse ;
Et, quand il la pense éviter,
Sur son seuil il se voit guetter
Par les donzelles Euménides,
Vengeresses des homicides.
Elise, pour avoir péché,
N’est pas quitte à meilleur marché :
Elle se résout, la pauvrette,
De choisir une mort secrète.
Pour réussir dans son dessein,
Qui ne part pas d’un esprit sain,
Elle cherche dans sa cervelle
Quelque mode de mort nouvelle :
De se transpercer d’un couteau,
Elle craint un peu trop sa peau ;
De s’en aller comme une bête,
Contre un mur se rompre la tête,
Ou bien s’étrangler d’un licol,
Au grand dommage de son col,
Cette mort est pour le vulgaire,
Les rois ne la pratiquent guère ;
De monter sur quelque lieu haut,
Et puis de là prendre le saut,
Elle peut, tombant sur la tête,
Montrer quelque endroit déshonnête.