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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/276

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Enfin, ayant bien ruminé,
Et plusieurs morts examiné,
Elle fit dresser une pyre ;
Si ce mot que je viens de dire
Est obscur à quelque ignorant,
Qu’il sache, en langage courant,
Que ce mot, qui lui semble étrange,
Veut dire du bois qu’on arrange,
Au haut duquel se vient loger
Celui qui le fait arranger,
Duquel après l’on fait grillade :
C’est à la mort faire bravade ;
Pour moi je ne le ferais pas :
Elle ne vient qu’à trop grands pas,
Cette demoiselle édentée,
Sans être ainsi de nous hâtée,
Outre que qui se tue ainsi
Court risque d’être sans merci,
Traîné tout nu sur une claie ;
Et c’est pour cela qu’elle essaie
De mourir de quelque trépas
Pour lequel on ne puisse pas
L’exposer en place publique,
Comme au seigneur Caton d’Utique
On eût fait, si de sang rassis
Parmi nous il se fût occis.
Voulant donc jouer de son reste,
Pour couvrir ce dessein funeste
Elle fit appeler sa sœur,
A qui d’une feinte douceur,
Cachant sa mortelle pensée,
Elle dit : "Il m’a donc laissée,
L’ingrat, le Turc, le vagabond !
A sa parole il fait faux bond ;
Mais je veux bien perdre une oreille
Si je ne lui rends la pareille,
Ou je le ferai revenir.
J’ai trouvé pour y parvenir,
Si je ne me trompe, une voie
Qui te causera de la joie