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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/281

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Ne leur dit pire que leur nom,
Ce qui de tous fut trouvé bon ;
Oui bien un peu clabauda-t-elle
Contre son amant infidèle,
Lui souhaita venin d’aspic,
Et le regard d’un basilic,
Tic, scorbut, lèpre, diarrhée,
Ecrouelle et fièvre pourprée,
La petite vérole, et pis.
Et là-dessus d’un noir tapis
S’affubla la nature humaine ;
La nuit vint dans un char d’ébène,
Le sommeil avec elle vint,
Qui fit des dormants plus de vingt :
Il en fit au haut des montagnes,
Dans les vallons, dans les campagnes,
Dans les fleuves, dans les étangs,
Dans les villes, et dans les champs.
Chacun dormait dans Trebizonde,
Plus de cent milles à la ronde,
Dans Paris, Rome, enfin par tout
Notre horizon, de bout en bout :
Didon seule en notre hémisphère,
Tandis que de la mort le frère,
Doux frère d’une rude sœur,
Enchante tout par sa douceur,
Tandis que toute la nature
Semble être dans la sépulture,
Et que tout vivant paraît mort,
Didon, dis-je, non plus ne dort
Qu’un chat-huant dans les ténèbres.
Elle fait cent desseins funèbres,
Et dit en soupirant tout haut,
Ces paroles, ou peu s’en faut
"Ventre de moi ! que deviendrai-je ?
Vers sire Hiarbas m’en irai-je
Le prier d’être mon mari ?
Le fat fera le renchéri,
Et me dira : Dieu vous assiste !
M’en irai-je suivre à la piste