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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/290

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Qu’un peuple qui le pousse à bout ;
Et qui dos et ventre et partout
Le batte, et toute sa cohorte,
Soit où la tempête le porte,
Et que, ne sachant où donner,
Qu’il soit contraint d’abandonner
Son fils Iulus, et s’en aille,
En équipage de canaille,
Mendier un faible secours !
Qu’il voie à la fin de leurs jours
Ses plus chers par fer ou par corde ;
Et, si par la paix on s’accorde,
Qu’il n’en jouisse pas longtemps ;
Qu’il meure au plus beau de ses ans,
Et que son corps sans sépulture
Aux oiseaux serve de pâture,
Ou bien qu’il soit des loups mangé
Et comme un cheval mort rongé !
Et vous, nation tyrienne,
Que jamais il ne vous advienne
D’être jamais correspondants
Avec ses chiens de descendants !
Que quelqu’un naisse de ma race,
Qui chez eux-mêmes les défasse,
Qui soit un brûleur de maisons,
Mangeur de poules et d’oisons,
Un grand déflorateur de filles,
Et grand ruineur de familles !
Soyez d’eux toujours divisés,
A tous leurs desseins opposés,
Alliés de leurs adversaires,
A leurs confédérés contraires ;
Enfin, soyez tels que les chats
Ne soient pas plus méchants aux rats :
Voilà ce que je vous demande,
Et que le bon Dieu vous le rende ! "
Après ces imprécations,
Ces funestes intentions
Lui changèrent tout le visage.
S’abandonnant toute à la rage,