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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/328

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Ces présents en commun seront
Pour ceux qui les disputeront.
Aux trois plus vites je destine
Un cheval de fort bonne mine,
Richement caparaçonné
D’un camelot pâle tanné,
Qu’un bord de cuir doré galonne ;
Plus, une trousse d’amazone,
Ses flèches et son baudrier,
De la main d’un bon ouvrier,
Sur lequel reluit une perle
Aussi grosse que l’oeil d’un merle ;
Plus, une salade d’Argos,
Présents qui valent trois lingots.
Puis chacun criant sur eux vive,
Ils seront couronnés d’olive."
Chacun prit place, cela dit.
Le signal donné, l’on partit
Au son de la trompe enrouée.
Vous eussiez dit une nuée
Qui dans la lice s’épandit ;
L’air épais sur eux se rendit,
La poudre de leurs pieds émue
Faisant sur leur tête une nue.
L’oeil plus vite que le pied fut
Dès le commencement au but,
D’où, tacitement, il exhorte
A courir le pied qui le porte.
Nise les autres devança,
Et derrière lui les laissa
Les poitrines toutes pantoises,
De la longueur de quatre toises ;
Après lui, mais loin de lui, court
Salius, qu’un espace court
Sépare du jeune Euryale,
Qu’Hélymus peu s’en faut égale,
A qui le dernier, Diorès,
Souvent bat les talons exprès,
Et par malice, dans la fesse,
Lui met le bout du pied sans cesse,