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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/329

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Et l’eût à la longue emporté
Sur lui, malgré sa primauté.
Nise était du but assez proche,
Quand il lui vint une anicroche
Qui, voulsit ou non, l’arrêta,
Et sa belle course gâta,
Changeant toute son espérance
En une sotte révérence
Qu’il fit, de son long étendu,
Sur du sang de bœuf répandu.
Troublé comme un fondeur de cloche
Quoiqu’il ne boite ni ne cloche,
Il voit que les prix destinés
Ne sont pas pourtant pour son nez ;
Mais, perdant espérance et gloire,
Il ne perdit pas la mémoire
D’Euryalus qu’il adorait,
Car, comme Salius courait,
Saisissant sa jambe et sa guêtre,
Si fort ses pieds il enchevêtre
Que du nez en terre il donna,
D’où se levant, il ramena
Un coup sur le mufle de Nise,
Qui, sans jamais quitter sa prise,
Le mordit quatre fois au cul.
Ainsi, d’Euryale vaincu,
Et le cul marqué de morsures,
Tandis qu’à Nise il chante injures,
Et que Nise, sans l’écouter,
Ne songe qu’à bien l’arrêter,
Le petit fripon d’Euryale
Vite comme le vent détale,
Et, laissant l’autre renier,
Arrive au but le fin premier,
Favorisé de la huée
De tous ceux par qui fut louée
De Nise la bonne action,
En signe d’approbation,
Qui criaient Vive, vive, vive !
Hélymus le second arrive,