Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/369

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Des vents contre nous se servit ;
Mais Votre Altesse, qui le vit,
Sans savon lava bien les têtes
De ces exciteurs de tempêtes,
Et renvoya ces souffle-en-culs,
Aussi penauds que des cocus,
Qui de leurs femmes éventées,
Dans les lettres interceptées,
Trouvent, en termes non obscurs,
Qu’ils ont les angles du front durs.
N’ayant rien fait par la tempête
Elle a voulu, la male bête,
Achever la flotte par feu ;
Et vraiment s’en a fallu peu
Si son mari, par une ondée,
Fâché que la dévergondée
Nous vînt ainsi persécuter,
N’eût fait le dessein avorter.
Sa haine étant si manifeste,
Au peu de vaisseaux qui nous reste ;
Malgré son injuste courroux,
Accordez un temps calme et doux,
Et faites que sur votre empire
Règne seulement le Zéphyre ;
Et pour les fougueux Aquilons,
Chassez-les moi comme frelons,
De qui les mauvaises haleines
Causent mille morts inhumaines
Et tant de gens ont déconfits.
En un mot, faites que mon fils,
Sans qu’aucun malheur le poursuive,
Sain et sauf sur le Tibre arrive ;
Et mémoire, à proportion
De si grande obligation,
Je garderai, foi de déesse.
— Vous êtes sur la mer maîtresse,
Dit Neptune, avecque raison ;
C’est votre première maison :
Comme en étant originaire
Vous y pouvez tout dire, et faire.