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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/370

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J’ai souvent traité de gredins,
De séditieux, de badins,
Les vents dont vous craignez l’haleine ;
Ne vous en mettez point en peine,
J’aurai soin de votre fanfan,
Comme une biche de son faon.
J’atteste et Simoïs et Xanthe,
Alors que la dextre vaillante
D’Achille fit, dessus leurs bords,
De corps vivants force corps morts :
Ce grand fanfaron d’Eacide
Fut alors si grand homicide,
Si cruel et si scandaleux,
Qu’Agamemnon en fut honteux ;
Votre fils, durant la mêlée,
A ce vaillant fils de Pélée
Ayant osé, comme un follet,
Prêter fortement le collet,
L’autre (outre la faveur céleste
Qui lors paraissait manifeste,
Et qui le rendait tant altier
Qu’il ne faisait point de quartier)
Ayant un notable avantage,
Quoiqu’égaux peut-être en courage,
Comme il allait exterminer
Votre Aeneas, pour détourner
Ce malheur, qui vous eût gâtée,
Ayant une nue empruntée,
Je sus à propos le cacher ;
Et lors Achille eut beau chercher,
Il n’en trouva ni vent, ni voie,
Et pourtant, en ce temps-là, Troie
M’était un pays odieux,
Mais je le fis pour vos beaux yeux,
Et je ferais bien davantage.
Maître Aeneas aura passage,
Et pour entrer et pour sortir
Dans l’Enfer, sans y rien pâtir.
Il faudra, perdu dans un gouffre,
Qu’un seul pour tous les autres souffre,
Que