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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/378

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Ce ne fut quasi que tout un,
Fors quelques preneurs de petun
Qui s’amusèrent sur la rive
A vider un peu de salive,
Non sans vider quelque baril.
Les uns battirent le fusil,
Les autres en terre avancèrent,
Virent des bêtes, en chassèrent :
Si ce qu’ils coururent fut pris,
C’est ce que je n’ai pas appris
Et ce qui ne m’importe guères.
Ceux qui trouvèrent des rivières
En vinrent faire le rapport.
Cependant Aeneas le fort
(Maron dit pieux, mais la rime
M’est une excuse légitime),
Aeneas donc, fort ou pieux,
Si tant est que vous l’aimiez mieux,
Alla voir d’Apollon le temple,
Autant pour donner bon exemple
Que pour tirer les vers du nez
(Suivant les bons avis donnés
Par son révérend père Anchise)
De la Sibylle tête grise,
Qui, depuis deux cents et tant d’ans,
Ne savait que c’était que dents ;
Apollon, son maître d’école,
S’ébattait à la rendre folle,
Et lors il n’y faisait pas bon,
Car lors la méchante guenon,
La diseuse de logogriphes,
Roulait ses yeux, montrait ses griffes,
Hors de terre en l’air s’élevait,
Disant tout ce qu’elle savait,
Que l’on croyait comme Evangile.
Voilà quelle était la Sibylle
Que maître Aeneas alla voir,
Puisque vous le voulez savoir
D’abord le temple magnifique
Exerça fort la rhétorique