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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/402

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Ad ritum du peuple de Troie
(Peu me chault que l’on ne me croie),
Deux à deux vinrent s’approcher
A cloche-pied du noir bûcher ;
Tenant en la main droite un cierge
De cire noire et non pas vierge,
Au bûcher ils mirent le feu.
Lors la flamme joua son jeu.
La pyre est bientôt engloutie ;
Celui pour qui l’on l’a bâtie ;
D’abord par la flamme rôti,
Est, après, par elle englouti,
Puis elle s’engloutit soi-même,
Tant sa faim vorace est extrême,
Et tout le bûcher allumé
En moins de rien est consumé,
Et de bois devient bois et cendre
Si chaude qu’on ne la peut prendre.
Mais du vin que l’on répandit,
Qu’elle but et qui la tiédit,
Fit que cette cendre lavée
Fut facilement enlevée
Et mise en un tonneau d’airain
Pour la conserver du serein.
Ce fut un nommé Chorinée,
Homme à la face enluminée,
Qui mit la cendre en ce tonneau,
Et puis qui fit aller de l’eau
(Eau lustrale, ainsi que je pense)
Sur toute la triste assistance ;
Et puis après, les yeux fermés,
Il dit les mots accoutumés
En pareille cérémonie.
Aeneas, la face ternie
(Car le bon Seigneur tant pleura
Que sa face il décolora),
Fit faire un tombeau magnifique
De pierre de taille et de brique,
En la place où fut le bûcher ;
Puis ce qui fut au défunt cher