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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/422

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Quoiqu’avares comme chouettes,
Mais moins avares que coquettes,
Ont là toujours la braise au cul
Qu’attise quelque franc cocu,
Qui les brûle par les parties
Dont elles se sont diverties.
Ce cocu si mal employé
D’autres cocus est relayé ;
Ces femmes leur chantent goguettes,
Si bien que cocus par coquettes
Sont punis avec équité
Du crime qu’ils ont fomenté.
Tandis qu’un des cocus s’emploie
A flamber ces filles de joie,
Les autres, de cornes armés,
Et l’un contre l’autre animés,
A coups de cornes meurtrières
S’entre-rompent dans les visières.
Ceux qui se sont donné la mort
Qui, ne leur déplaise, ont eu tort,
Regrettent en vain la lumière
D’une épouvantable manière,
Bien fâchés d’avoir évité
Le froid, la faim, la pauvreté,
Et d’autres accidents semblables,
Et rendent les gens misérables,
Aux dépens du plus précieux
Des biens que nous donnent les Dieux,
Du riche trésor de la vie,
Qu’ils se sont eux-mêmes ravie.
Dans l’enceinte de neuf canaux
Que le Styx forme avec ses eaux,
Ces pauvres assassins d’eux-mêmes
Endurent des tourments extrêmes
Pour avoir avancé leur mort.
Là l’un sur l’autre ils font effort
De se donner des coups d’épées ;
Ces âmes n’en sont point frappées,
Et néanmoins ne laissent pas
D’endurer pis que le trépas :