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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/431

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De faux mangeurs de patenôtres,
Gens qui font enrager les autres,
Dont ici-bas les gens de bien
A mon gré se passeraient bien.
Des cris, qui ne sont pas de joie,
Se font entendre en l’autre voie :
Aeneas, y jetant les yeux,
Vit un fort, ample et spacieux,
Qui, situé sur une roche,
Etait de difficile approche.
Des bastions de diamant
Le fortifiaient diablement.
Les Dieux du ciel auraient beau faire,
Ils n’y feraient que de l’eau claire,
Quand bien la charge, ils doubleraient
Aux tonnerres qu’ils tireraient.
Phlégéthon, un fleuve de soufre,
Court alentour, creux comme un gouffre,
Et roule à grand bruit du brasier,
Au lieu de sable et de gravier.
Une tour qui flanque la porte
Si haute (ou le diable m’emporte)
Qu’elle atteint au plancher d’Enfer,
Est toute d’acier et de fer ;
Tisiphone en est la portière,
Carogne aussi superbe et fière
Que le portier d’un favori.
La vilaine jamais n’a ri,
Et sans cesse, d’une massue,
Sur quelqu’un quelque grand coup rue ;
Elle n’a qu’un court hoqueton
Pour mieux jouer de son bâton,
Et sa chemise de sang teinte
D’une chaîne de fer est ceinte,
Faite en cordon de saint François,
Dont la méchante ; à chaque fois
Que quelque âme là-dedans entre,
Vous me la frotte dos et ventre,
Tant sont fâcheux les accidents
Et de la porte et du dedans !