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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/436

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Disant que c’est blâmer le vice,
Endurent là pour tout supplice
D’être sans cesse à marmotter,
Sans qu’aucun les puisse noter,
Et ce tourment de n’être en vue
Mille fois pour une les tue.
Tous ceux qui par ambition
Professent la dévotion,
Et sont habillés à la prude,
Non pas pour la béatitude,
Mais pour l’estime ou pour le gain,
Ou pour tout prétexte vilain,
Sont condamnés, sans qu’on le voie,
De faire de leur peau courroie,
De plus, à vivre en gens de bien
Sans que personne en sache rien.
Le juge qui vend ses parties,
Outre qu’il est frotté d’orties,
On fait éclater à ses yeux
De beaux ducats, qui sont ses dieux.
Comme il pense emplir sa pochette,
On lui donne d’une baguette
Sur les doigts, dont le seing fatal
Selon l’argent fait bien ou mal.
Son corrupteur, qui ne vaut guère,
Est puni de même manière :
Quand un coup il a desserré,
Il en reçoit un bien serré,
Et l’autre reprend tout à l’heure
L’argent comptant dont on le leurre ;
En est-il saisi ? on lui prend.
Donne-t-il un coup ? on lui rend.
Tous deux sont frappés, tous deux frappent,
Tous deux perdent ce qu’ils attrapent ;
Ainsi leur tourment, sans cesser,
Est toujours à recommencer.
Celles qui commettent les crimes
De mêler des illégitimes
Avec leurs justes héritiers
Sont, avec les banqueroutiers,