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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/443

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Et se réjouissent ensemble
De la façon que bon leur semble.
Aucuns dansent des tricotets :
Ce sont ceux qui furent coquets ;
Et quelques donzelles savantes
De ces galants sont les galantes.
Le plus souvent ils vont au cours
(Car on le tient là tous les jours),
Ou bien sur les molles herbettes
Font l’un contre l’autre à fleurettes,
Ou se donnent les violons,
Qui sont là rares, mais fort bons.
D’entr’eux tous, le rimeur Musée
Ayant la Sibylle avisée
(Peut-être qu’il la connaissait),
Lui demanda ce que cherchait
En ces bas lieux messire Enée.
La vieille, comme étant bien née,
La chose ne lui cela pas,
Et dit, le saluant bien bas :
"Nous cherchons en ce pays sombre
D’Anchise la vénérable ombre,
Non pas seulement pour le voir,
Mais pour essayer de savoir
Ce que madame Destinée
A la race de maître Enée
Veut faire de mal et de bien.
Ce bon prince, qui n’en sait rien,
Avec quelque raison espère
Qu’il saura le tout de son père,
Et d’être aidé de son conseil.
— Je crois qu’il se gratte au soleil,
C’est son exercice ordinaire,
Comme il est d’humeur solitaire,
Si vous l’agréez, volontiers,
Je m’offre de faire le tiers
Et de vous mener où je pense
Qu’est à présent Sa Révérence"
Voilà ce que Musaeus dit.
Maître Aeneas au mot le prit,