Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/45

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Qui sont d’un reluisant airain,
Pesaient, il ne s’en faut qu’un grain,
Deux mille livres bien pesées.
Pour retourner sur nos brisées,
Nos Rose-Croix bien assurés
De n’être pas considérés,
Dans ce superbe temple entrèrent,
Et partout le considérèrent :
L’ouvrage leur en sembla beau,
L’ordre du bâtiment nouveau,
La matière très magnifique,
Et merveilleuse la fabrique.
Aeneas, s’attachant à tout,
Allait cherchant de bout en bout
De quoi se repaître la vue,
Quand d’une chose à l’imprévue
D’abord il se trouva surpris ;
Mais, ayant repris ses esprits,
Il en conçut quelque espérance
Qui n’était pas hors d’apparence
Qu’en ce pays, quoiqu’inconnu,
Il serait le très bien venu.
Parmi cent choses qu’il contemple,
Attendant la reine en ce temple,
Charmé de tant d’objets nouveaux,
Il voit en plusieurs grands tableaux,
Mais qui n’étaient pas peints à l’huile,
L’histoire de sa pauvre ville,
Les champs fameux où si souvent
Il avait gagné le devant,
Quand les Grecs sur les Dardanides
Faisaient un peu trop d’homicides,
Les Atrides si belliqueux,
Achille qui l’était plus qu’eux,
De qui souffrit tant de boutades,
Tant de folles rodomontades,
Le très prudent Agamemnon,
Qui dit si cruellement : Non,
A Priam, le roi vénérable,
Quand, après le sort déplorable