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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/454

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C’est Torquat. Cet autre est Camille.
Ceux qui les suivent à la file
Sont les Druses et Curiens,
Tous fort honnêtes citoyens.
Vois-tu ces deux qui s’entre-lorgnent,
Et d’intention s’entr’éborgnent ?
C’est le beau-père et le beau-fils
L’un d’eux se plaindra de Memphis,
L’un et l’autre grand capitaine,
Dedans je ne sais quelle plaine
Feront pions et chevaliers
S’entrechoquer comme béliers.
Tout beau, tout beau, valeureux sires,
De grâce refrénez vos ires !
Oh ! combien jasera l’écho
Aux environs de Monaco,
Quand l’un d’eux avec ses buccines,
De ces roches du ciel voisines
Descendra pour aller trouver
Son gendre, et le clou lui river !
Mais, auparavant qu’il lui rive,
Il faudra bien crier : Qui vive ?
Vous feriez mieux, beaux conquérants,
De finir tous vos différends.
Tout beau, tout beau, valeureux sires,
De grâce refrénez vos ires,
Au moins toi, qui te puis vanter
D’être parent de Jupiter.
Celui qui détruira Corinthe,
C’est cet homme à la face peinte,
Qui sur le nez porte un poireau.
Cet autre fera du tombeau
D’Achille une chaise percée,
Et de la Grèce terrassée
Tirera pleinement raison
D’Ilium pris en trahison.
Voilà Caton qui fut un drôle,
Cossus, franc Amadis de Gaule,
Serranus, grand homme de bien,
Gracchus qui ne lui cède en rien,