Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/453

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dedans Rome, aux Romains qui prône,
Assis sur un superbe trône ;
Mais ce n’est pas pour notre nez,
Oui bien pour ceux qui seront nés
Au temps de ce merveilleux homme,
Qui, sans sortir les pieds de Rome,
Assujettira sous ses lois,
D’un côté les fiers Rochelois,
De l’autre les faux Allobroges
(Je ne parle point de Limoges,
Car qui fait le plus, peut le moins) :
C’est ce grand héros dont les soins
Feront porter du Rhin au Gange
Sans port une lettre de change,
Et retourner d’un même train,
Si besoin est, du Gange au Rhin.
Hercule à la lourde massue,
Bacchus à la pique feuillue,
Par les rimailleurs tant vantés,
N’ont pas tant d’honneurs mérités.
Oh ! que l’homme qu’on voit bien faire
Sert à tous d’un bel exemplaire !
Ce vieillard à bonnet carré,
C’est Numa, des siens adoré
Pour plusieurs œuvres méritoires,
Des oraisons jaculatoires,
Des sacrifices solennels
Et de beaux parements d’autels
Dont il introduira l’usage.
Tullus, qui suit, n’est pas si sage,
Mais il est plus vaillant aussi ;
Et le vain Ancus, que voici,
Fait bien voir à sa mine fière
Qu’il aime fort le pied derrière.
Voilà les paillards de Tarquins
Aussi superbes que bouquins.
Voilà Brutus par trop sévère,
Bon citoyen, et mauvais père,
Mais, en gros, un brave Romain.
Ce vieillard, la hache à la main,