Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/467

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Un pronostiqueur d’aventures,
Fort savant aux choses futures,
Et qui pourtant parfois mentait,
Jura que ce prodige était
Signe d’une prochaine guerre,
Et que gens d’une étrange terre
Viendraient vivre à discrétion
Chez la latine nation,
Comme fait alors que je parle
En France monsieur le duc Charle ;
De plus que leur chef bien et beau
Se rendrait maître du château.
Il s’offrit aux coups d’étrivières,
En jurant de toutes manières,
Et même offrit, quoiqu’indigent,
De parier beaucoup d’argent,
En cas que la chose prédite
N’arrivât comme il l’avait dite.
On le crut (car qui ne croirait
Un jureur qui si bien jurait ? ).
Le peuple, qui n’est qu’une bête,
S’en gratta tristement la tête,
Et le prince, à ce que l’on dit,
En garda quinze jours le lit,
Feignant, pour n’éventer la mine,
Une difficulté d’urine.
Voilà le prodige premier,
Voici le second et dernier
Un jour l’infante Lavinie
Vint, en grande cérémonie,
Avec son père Latinus,
Faire au temple ses Oremus.
La pucelle était fort dévote,
Et n’était nullement bigote ;
Les dimanches elle quêtait,
Et la quête aux pauvres portait,
Et par la ville n’allait guère
Sans Heures à la chancelière :
Cela sera dit en passant.
Or, comme elle allait encensant,