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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/468

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Avec ambre, musc et civette,
Les dieux, friands de cassolette,
Un feu non grégeois, mais follet,
Parut en l’air tout violet,
Et vint, en guise de fusée,
Se prendre à la tête frisée
De l’infante Lavinia,
Qui grandement s’en effraya.
Le roi dit, l’âme perturbée :
 « Ah ! voilà ma fille flambée ! »
Des assistants s’en fallut peu
Que tous ne criassent au feu.
Ce feu, parcourant la couronne
Qui le noble chef environne,
N’offensa ni poil ni bijou,
Comme aurait fait quelque feu fou,
Mais, comme feu prudent et sage,
Il ne fit lors rien davantage
Que la pucelle illuminer
Et les assistants étonner ;
Après quoi, la flamme ondoyante
Fut dans l’air longtemps tournoyante,
Puis se perdit dans le même air,
Tout ainsi qu’eût fait un éclair.
Aux connaisseurs cela fit dire
Qu’elle aurait un fort grand empire,
La fille au noble roi Latin,
Et pourtant, sans être putain,
Qu’elle ferait naître en sa terre
Une très sanguinaire guerre.
Latin, qui bien fort se troubla,
N’en voulut pas demeurer là :
Il alla voir son oncle Faune,
Qui l’avenir devine et prône,
Et rend ses oracles pour rien
Tant aux méchants qu’aux gens de bien.
Ce bon oracle n’a qu’un vice :
Il aime fort le sacrifice,
Et même n’en veut que de gras,
Autrement il répond tout bas,