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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/474

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Et l’on s’y dit quelques injures,
Mais pourtant non pas des plus dures,
Mais dont le plus outrageux mot
Etait fils de putain, ou sot,
Ou quelqu’autre terme semblable,
Entre députés supportable.
Enfin, ayant longtemps trotté,
Ils aperçurent la cité,
De quoi grande joie ils reçurent.
Devant la ville ils aperçurent
Des jouvenceaux en caleçons,
A qui l’on donnait des leçons
Et de l’escrime et du manège :
Tous ces jouvenceaux en cortège
Se présentèrent aux Troyens,
Qui lors, aussi las que des chiens,
Enragèrent de bonne sorte
Alors qu’on leur ferma la porte,
Car les citoyens malappris,
Comme des bourgeois de Paris
Quand on leur fait faire la garde,
Leur firent voir la hallebarde,
Ce qui les mit en désarroi.
Quelqu’un s’en alla vers le roi
Lui dire, quasi hors d’haleine,
Que gens d’une terre lointaine
Vers lui voulaient être introduits,
Et qu’on leur avait fermé l’huis,
De crainte de quelque surprise.
Latin en fit la mine grise,
Car le bon prince était peureux,
D’ailleurs prince très généreux ;
Mais les princes comme les autres
(Je n’entends pas parler des nôtres)
Ont, grâces à l’humanité,
Quelque défectuosité,
Et sont hommes, pour tout potage,
Nonobstant leur haut parentage.
Cet envoyé lui dit aussi,
Ce qui le mit hors de souci,