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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/475

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Que cette ambassade étrangère
Avait des présents à lui faire.
Latin, à ce mot de présent,
A toute oreille fort plaisant,
Se mit à rire comme un singe :
Il changea vitement de linge,
Se composa, se radoucit,
Prit une soutane et s’assit ;
Je me trompe, il fut droit au temple,
Lequel était fait par exemple,
Comme… attendez… en bonne foi
Je ne sais pas bien comme quoi :
Consultons là-dessus Virgile.
Ce versificateur habile
Dit que ce temple des plus beaux
Se soutenait sur cent tréteaux,
Et dit aussi que son portique
Tenait un peu trop du gothique.
Ce temple servait à Latin,
Quand il voulait faire festin :
Il aimait fort la bonne chère,
Lorsqu’elle ne lui coûtait guère.
Dans ce temple l’on s’assemblait,
On y jouait, on y ballait,
Aux jours de fête et jours de noce.
En plate peinture, ou bien bosse,
De Latin les nobles aïeux,
Erigés lors en demi-dieux,
Etaient le long de la muraille
En habit de donner bataille :
Les sieurs Italus, Sabinus,
Et le porte-faux Saturnus,
Et maints autres grands personnages,
Fous en guerre, comme en paix sages,
Et Picus, l’écuyer expert,
Changé par sa femme en pivert,
Sa femme, fameuse sorcière,
Comme je vous ai dit naguère.
On avait dans ce temple mis
Force dépouilles d’ennemis,