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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/489

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Puis, s’étant ainsi composée,
Et ton de voix de roue usée
Qui, durant le chaud, a besoin
D’une livre ou deux de vieil oing,
Parlant à la Laconienne,
Répondit : « Qu’à cela ne tienne »
La Déesse s’en retourna,
Et la vilaine s’atourna
Comme une vieille aux jours de fête,
Tressa les serpents de sa tête,
Et d’un de ceux de son gousset.
Se servit comme d’un lacet ;
Et puis la pucelle terrible,
Se rendant aux yeux invisible,
Se coula chez le roi Latin,
Où, par un chemin clandestin,
Elle alla chez la reine Aimée,
Qui lors, dans sa chambre enfermée,
Pestait fort contre son époux,
Qu’elle appelait le roi des fous,
D’avoir l’alliance jurée
Au fils de dame Cythérée,
Et préféré le Phrygien
A Turnus, prince italien,
Maudissant cent fois la journée
Qu’on parla de cet hyménée,
Et jurant gros comme le bras
Qu’aux noces elle n’irait pas
Elle était dans cette pensée
Terriblement embarrassée,
Alors qu’Alecton lui lâcha
Un gros serpent, qui se cacha
Sous une jupe de ratine
Qui couvrait sa peau de la Chine.
Il se promena, le larron,
Sur son sein et sur son giron,
Et, par je ne sais quelle voie,
La pénétra jusques au foie,
Inspirant une âme d’aspic
A son corps malade du tic.