Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dont le visage était si noir.
Puis, il prit grand plaisir à voir
La vaillante Panthésilée,
Si terrible dans la mêlée,
Qui portait, ainsi qu’un garçon,
Au lieu de jupe un caleçon :
C’était une rude femelle,
Et qui n’avait qu’une mamelle,
Qui n’eût pas craint dans le combat
De s’attacher à Goliat ;
Femme ainsi qui rien ne redoute
A monté dessus l’Ours sans doute.
Comme Aeneas, triste et confus,
A peine à s’ôter de dessus
La trop véritable peinture
De Troie et de son aventure,
A certain bruit qu’il entendit,
Ayant levé la tête, il vit
Entrer la Reine dans le temple.
De demander s’il la contemple
Avec grande admiration,
C’est une sotte question,
Car elle était charmante et belle
Autant au jour qu’à la chandelle,
Et jour et nuit un vrai soleil,
On ne peut rien voir de pareil
A sa vénérable personne.
Troupe nombreuse l’environne
De jeunes gens embâtonnés,
Bien civils et morigénés.
Le capitaine de sa garde
Tient en main une hallebarde.
Elle avait six tambourineurs,
Douze fifres, et six sonneurs
De mélodieuses cymbales ;
Six maîtres joueurs de timbales
Ne faisaient que carillonner :
On n’eût pas ouï Dieu tonner.
Enfin, foi d’écrivain moderne,
Je souffrirai que l’on me berne,