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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/505

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Des premiers bâtons qu’ils trouvèrent,
Et sur les Troyens se ruèrent,
Qui de l’animal maltraité
Croyaient bien faire maint pâté.
Ils reçurent des bastonnades,
Ils donnèrent des platassades,
Reçurent des coups de cailloux
Qui leur firent bosses et trous,
Et pour des trous et pour des bosses,
Firent des blessures atroces
Thyrrus, qui lors fendait du bois,
De rage se mordit les doigts,
Quand on lui conta que sa bête,
Par le procédé malhonnête
Des étrangers outrecuidés,
Avait les flancs de fer lardés ;
La face toute renfrognée,
Il courut, avec sa cognée,
Se mettre à la tête des siens.
Iülus, suivi de ses chiens
Et de ses chasseurs pêle-mêle,
Fait choir des coups dru comme grêle ;
Les manants, selon leur pouvoir,
Firent aussi des coups pleuvoir.
Alecton, la vierge infernale,
Les uns contre les autres hale,
Et de ses exploits inhumains
S’applaudit en battant des mains ;
Elle vole, l’abominable,
Sur le haut d’une vieille étable,
Autant élevé qu’un jubé,
Et là, d’un cornet recourbé
Qui fit du bruit comme un tonnerre,
Elle émut le ciel et la terre,
Mit les paysans en fureur,
Et remplit les esprits d’horreur.
Plus d’un poisson du lac Trivie
Par ce grand bruit perdit la vie,
Et le petit fleuve du Nar
En fit la cane ou le canard,