Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/511

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je crois que c’est à tous les diables.
Ah ! que nous sommes misérables
De nous laisser ainsi mener
Par gens qu’il faudrait enchaîner,
Par ma femme, une insigne folle,
Par Turnus, qui, sans hyperbole,
Est plus fou que folle elle n’est,
Quoiqu’à parler sans intérêt,
Elle soit, quoique couronnée,
Des folles la plus forcenée.
Mais Turnus s’en repentira :
L’imprudent qu’il est en mourra,
Et, quant est de moi, si j’en pleure,
Je consens aussi que j’en meure."
Il se retira, cela dit,
Dans son cabinet, et se mit
Tant à découper des images
Qu’à rhabiller des vieilles cages,
Et siffler un jeune moineau,
Qui parla comme un étourneau.
C’est la coutume en Italie,
Quand, par raison ou par folie,
On veut avec quelque étranger
Ou quelque voisin s’égorger,
Devant que former ses cohortes,
D’ouvrir certaines grandes portes
De l’église du Dieu Janus,
Dieu non pas des nouveaux venus,
Mais un Dieu de la vieille roche :
Ce Janus a double caboche,
C’est-à-dire tête en gaulois,
Gaulois, c’est-à-dire françois ;
François est un peuple fantasque,
Dont les dames portent le masque ;
Masque est commode et fait honneur
Aux dames dont le nez fait peur.
Revenons au Dieu double-tête.
Le peuple présenta requête
A Latin, afin qu’il ouvrît
Ces portes ; mais Latin s’en rit,