Page:Scarron - Oeuvres T3, Jean-François Bastien 1786.djvu/438

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un diable aux dépens d’autrui , et la collation finit avec le jour, à la clarté duquel on fit succéder celle de quatre grosses bougies en des chandeliers d’ar- gent bien pesans et bien travaillés , que Dom-Mar- cosdès-lors résolut de réformer en une seule lampe, quand il seroit le mari d’Isidore/ Augustin et prit une guicarre , et joua plusieurs sarabandes et chan- sons, que la soubrette Marcelle et la femme de chambre Inez dansèrent admirablement bien , ac- cordant leurs castagnettes au son de la guitarre. Le discret Gamara du tout bas à Dom-Marcos qu’Isi- dore se couchbit de bonne heure. Le civil gentil- homme ne se le fit pas dire deux fois > et faisant à Isidore plus de complimens et de protestations d’amitié et de servitude au’il n’en avoir jamais fait à personne, lui donna le bon soir , et au petit Au- gustinet aussi, leur laissant la liberté de dire de lui ce qu’ils en pensaient. Dom-Marcos amoureux d’I- sidore , et encore plus de son argent , avoua à Ga- mara , qui l’accompagna chez lui, que la belle veuve lui donnoit dans la vue, et que de bon cœur il aqroit donné un doigt de sa main pour être déjà marié avec elle, parce qu’il n’avoir jamais trouvé de femme qui fût plus son. fait que celle-là , quoiqu’à la vérité il prétendît qu’après leur mariage elle ne vivroit pas avec tant d’ostentation et de luxe. Elle vit plutôt, en princesse qu’ep femme d’un particulier , disoit le prudent Dom-Marcos au dissimulé Gamara , et elle ne considère pas, ajoutoit-il, que les meubles qu’elle a mis en argent ^ et cet argent joiqt à celui que j’ai» nous peuvent faire une bonne rente, que nous pour- rons mettre en réserve, et par l’industrie que dieu m’a donnée, en faire un fonds considérable pour les- enfans aue dieu nous donnera. Et si notre mariage est sans lignée, puisqu’lsidore a un neveu a nous lui