Page:Scarron - Oeuvres T3, Jean-François Bastien 1786.djvu/445

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brosses qu’elle prit sur sa toilette, Dom-Marcos , cependant, après avoir bien renié son créateur, s’é- ’ toit mis dans une chaise , où il faisoit de tristes réflexions sur la mauvaise affaire qu’il avoit faite en se mariant avec une femme qui venoit de lui découvrir, à travers les neiges de soixante hivers pour le moins, qui lui blanchissoient sa tête rase , qu’elle étoit plus vieille que lui de vingt ans, et ne rétoit pourtant pas assez pour n’en passer pas encore une vingtaine en sa compagnie, même da- vantage. Augustiner, que la rumeur avoit fait lever à la hâte, entra moitié habillé dans sa chambre , et fit ce qu’il put pour appaiser le mari de sa tance par adoption ; mais le pauvre homme ne faisoit que soupirer, se frapper la cuisse de la main, et quel- quefois aussi le visage. Il se souvint alors d’une belle chaîne d’or qu’il avoit empruntée pour se parer le jour de ses noces-, mais c’est tout ce oui lui en resta, 2ue ce triste souvenir. Marcelle l’avoir comprise ans la provision des hardes qu’elle s’écoit faite aux’ dépens du nouveau marié. Il la chercha d’abord avec quelque tranquillité, quoiqu’avec beaucoup de soin ; mais quand après s’être lassé de la chercher par toute la chambre , il vit qu’elle étoit perdue, et sa peine . aussi, on ne vit jamais un déplaisir égal au sien» Il fit des gémissemens à mettre en peine tout son quartier. Isidore sortit de son cabinet à ses cris dou- loureux, et sortit si renouvellée et si belle, qu’il crut qu’on venoit de lui changer sa femme encore une troisième fois. Il la regarda avec admiration , et ne lui parla point en colère. Il tira de l’un de ses coffres son habit de tous les jours, s’en habilla; et suivi d’Augustinet alla se tasex à courir les rues après la méchante Marcelle. Us la cherchèrent envaia jusqu’à l’heure du dîné ; qui se fit des restes des